Histoire de Pont d’Ain



L’histoire de Pont-d’Ain

Occupé par les hommes depuis la préhistoire, le site de Pont d’Ain, par sa situation géographique au bord de l’Ain, a joué un rôle notable dans l’histoire locale.

A l’époque où la bourgade appartenait au Duché de Savoie (du 13ème au 16ème siècle), le pont érigé sur l’Ain, à cette époque en bois et à proximité du Château, était à la fois un verrou stratégique et une source de revenus.

Rendue à la France, la commune de Pont d’Ain a continué à tirer profit de la circulation des hommes et des marchandises, en particulier de l’octroi sur le pont routier (devenu en pierre en 1889) et du flottage du bois sur l’Ain.

Au 19ème siècle, l’essor du transport par voie ferrée a conduit à le doubler par un pont ferroviaire.

Pendant la 2ème guerre mondiale, plusieurs mouvements de Résistance ont été actifs sur le territoire de la commune. Ils se sont particulièrement illustrés lors de la libération de Pont d’Ain le 1er septembre 1944.

A ce titre, la Commune reçut la Croix de Guerre le 14 juillet 1949. On consultera avec intérêt le site des Amis du Musée de la Résistance et de la Déportation de Nantua (www.resistance-ain-jura.com) pour avoir plus de détails sur les activités de la Résistance sur notre commune.

Au cours des combats des 30 août et 1er septembre 1944, le pont ferroviaire a été gravement endommagé et le pont routier complètement détruit par l’occupant, ce qui permit à la commune d’étrenner un pont tout neuf !

Après la guerre, le trafic routier n’a cessé de se développer, et, au final, c’est un pont autoroutier qui est venu s’ajouter en fin du 20ème siècle. La commune pourrait légitimement se dénommer « Ponts d’Ain ».

La Ville

Pont-d’Ain a toujours été un lieu de passage important qui prit très tôt de l’importance grâce, en particulier, au transit des grains entre la Bresse et Nantua. A l’origine, le village se trouvait au pied du château, enfermé dans les remparts. Aujourd’hui, c’est le quartier de la place Davinet.

Ce n’est qu’à partir du XVIIIème siècle que le village se développa vers l’ouest. Sur le plan cadastral de 1807, seules quelques maisons sont édifiées à l’emplacement du carrefour actuel.

Gérard de Nerval, dans son ouvrage « Voyage en Orient » (1851) raconte la halte qu’il fit dans une auberge à Pont d’Ain : « […] je visite le village composé d’une seule rue encombrée de bestiaux, d’enfants et de villageois avinés …», mais il ajoute : « je reviens en suivant le cours de l’Ain, rivière d’un bleu magnifique dont le cours rapide fait tourner de nombreux moulins […] ».

Tout est dit : lieu de passage et d’étape, la beauté de la rivière et la présence des moulins. Ceux-ci existent encore, de façon plus moderne, le bâtiment le plus visible est le « Moulin Convert » en bordure de la rue Louise de Savoie. C’est dans des moulins de ce type qu’était moulue la farine de maïs destinée à la confection des gaudes, nourriture quotidienne de l’époque.

Grâce à sa rivière, Pont d’Ain connut très tôt une renommée de lieu de transit des marchandises provenant des villages en amont et en particulier pour le flottage des bois jusqu’à Lyon.

Les radeaux étaient formés par des arbres entiers attachés entre eux. Leur largeur était calculée en fonction de la dimension des arches des ponts à franchir. Les radeliers faisaient étape sur le quai du port (actuel quai Justin Reymond) construit sur l’emplacement d’un marécage dont une partie était aménagée pour recevoir ces bateaux plats et autres radeaux.

Les hommes prenaient un moment de repos et de réconfort dans l’auberge qui actuellement est l’ancien hôtel du Pont (bar/PMU aujourd’hui). C’est la construction des barrages hydroélectriques qui sonna le glas de cette route fluviale, vers 1934-1935.

La construction de la ligne de chemin de fer Paris-Lyon-Marseille, inaugurée en 1857, puis la ligne de tramway desservant les localités environnantes, mise en circulation en août 1897, déplaça le centre actif de Pont d’Ain vers le carrefour des Quatre-Vents.

C’est juste avant la guerre que ce tramway cessa ses bons services. Le 31 août et le 1er septembre 1944, de nombreuses maisons furent incendiées lors du retrait des troupes allemandes. Pont d’Ain qui avait gagné la croix de guerre fut rebâtie dans les années qui suivirent.

Le pont routier

D’après les archives, les premiers ponts de Pont d’Ain datent du tout début du XIVème siècle, ils étaient alors en bois. Ils ne se situaient pas à l’emplacement du pont actuel, mais environ 700 mètres plus en amont, en face du château, ce qui permettait de défendre l’accès de la ville.

Ces ponts en bois étaient soumis à péage. Malheureusement, ils ne résistaient pas très longtemps face aux assauts de la rivière en crue.

Le bac à traille du début du 19e siècle

Au début du XIXème siècle, l’Ain se franchit toujours à l’aide du bac. Le passage se fait au moyen d’une corde traversant la rivière, attachée à la partie supérieure de deux poteaux placés sur les deux rives. Une poulie et un treuil incliné, servent à tendre et à détendre cette corde.

Les bacs installés sur l’Ain sont identiques à ceux utilisés sur la Saône : bateau à fond plat, aux bordages galbés, dont les extrémités relevées permettent l’accostage : leur longueur est de dix mètres environ et leur largeur de quatre.

Le pont en « fil de fer »

En 1824, l’idée d’un pont sur l’Ain, en lieu et place de l’ouvrage actuel, a germé dans l’esprit des architectes. Comme, fin octobre 1825, le bac à traille subira d’importants dégâts, cela précipitera un peu les choses, mais le projet ne sera réalisé qu’en 1831.

Il permettra de franchir la rivière sur la route royale N° 75. Le budget sera de 500 000 francs. Ce pont est un pont suspendu, on le nomme « pont en fil de fer ». Ainsi, le pont de Pont d’Ain a facilité la liaison entre Chambéry et Paris.

La mise en service a lieu fin octobre 1832. Les droits de passage ont été fixés : il y avait pas moins de 45 cas différents. Il fallait débourser par exemple 5 centimes pour un piéton, 20 centimes pour une monture et son cavalier et 50 centimes pour une voiture à cheval.

Le pont en pierre

Progressivement, l’idée de construire un pont en pierre avance et malgré de nombreuses protestations, les fondations seront entreprises et le pont sera construit et ouvert à la circulation dans l’été 1887.

Le 18 août 1897, il accueille le premier tramway de la ligne Pont d’Ain – Jujurieux, ce qui n’aurait pu être réalisé avec le pont suspendu.

Ce double rôle de pont routier et ferroviaire durera jusqu’à la fermeture de la ligne de tramway le 1er mars 1934.

Le pont résistera bien au temps et aux caprices de la rivière et de ses nombreuses crues. Il ne résistera pas cependant au conflit de la seconde guerre mondiale.

Les allemands l’ont fait sauter le 1er septembre 1944 pour se protéger de l’avance alliée. A ce moment-là, le bac à traille reprendra provisoirement du service : les anciens de Pont d’Ain s’en souviennent encore.

Sa reconstruction s’est achevée en 1946. Il a été inauguré le 1er juillet 1949 seulement, par le maire de l’époque, Monsieur Cottet-Dumoulin.

Aujourd’hui, le pont routier de Pont d’Ain, du haut de ses six piliers, trône toujours sur notre belle rivière. La circulation y est intense. On aurait pu prévoir une baisse de fréquentation depuis la construction de l’autoroute, mais le pont actuel voit encore défiler des milliers de véhicules par jour.

Toutefois, un large trottoir permet aux piétons et aux cyclistes d’être en sécurité relative pour se déplacer dans un Pont d’Ain, aujourd’hui largement réparti sur les deux rives.

Le Château

Du premier château, il ne reste probablement rien. Son histoire se confond avec celle des comtes de Savoie, notamment celle d’Aimé V, l’un des plus grands princes de cette Maison. C’est lui qui a réuni à la Savoie, la Bresse, le Revermont et la partie méridionale du Bugey par son mariage avec Sybille de Bâgé.

Il acquit en 1289 le château de Pont d’Ain à Robert, duc de Bourgogne. Le 21 avril 1319, il concéda une charte de franchise assez libérale. Il fut institué un atelier de frappe de monnaie.

Les seigneurs, chargés de l’administration avaient des agents subalternes pour veiller à la tranquillité publique. Ainsi, on peut lire dans les archives de ces seigneuries que «Pierre Guillet a été condamné à une amende de 10 sous pour avoir frappé un taureau avec un râteau», ou encore, moins drôle, «frais d’exécution de Pierre Bel, voleur, et de Robert de Nécudey (hameau de Pont d’Ain encore actuellement), guetteur, qui l’avait fait échapper de la prison et tous deux pendus».

Des bohémiens de passage

Pont d’Ain, de par sa situation, servait déjà de lieu de passage à de nombreuses caravanes de Bohémiens, de Moresques comme on les appelait alors.

Dans un intérêt de moralité et de salubrité publique, il était interdit aux bourgeois de Pont d’Ain d’avoir des rapports avec ces Bohémiennes, “femmes du Portugal ou d’Espagne”.

Les archives nous indiquent la sanction encourue : « si quelqu’un avoit cognu non violemment une femme de Portugal ou d’Espagne, paie pour les frais 20 soles viennois ».

Une situation géographique enviée

Le château a joué un rôle de première importance dans le conflit entre le Dauphiné et la Savoie par sa position stratégique en étant une véritable tête de pont entre la Savoie et la Bresse.

Le conflit delphino-savoyard prenant fin, le château est devenu un lieu de résidence très apprécié des comtes de Savoie. Malgré son rôle militaire et politique de première importance, c’était un site qui, par la pureté de son air et le panorama sur la plaine de l’Ain, offrait de multiples agréments à la cour de Savoie.

« La famille souveraine de Savoie commençait à se plaire dans ce riant pays qu’arrose la rivière d’Ain » et le climat y était réputé si salubre, que c’est là que les princesses de Savoie « pendant près de trois siècles y vinrent faire leurs couches et élever leurs enfants ».

Louise de Savoie et Philibert le Beau

C’est ainsi que naquit à Pont d’Ain, en 1476, Louise de Savoie et quatre ans plus tard, son frère Philibert le Beau. Ces deux personnages devaient occuper une place importante dans l’histoire de France.

L’une est la mère de François Ier, futur roi de France qui séjourna lui-même au château de Pont d’Ain en 1546. L’autre fut l’époux tant aimé de Marguerite d’Autriche.

Inconsolable à la suite de la mort accidentelle et prématurée de son bien-aimé, elle décida la construction de l’Eglise de Brou, « ce dernier et harmonieux soupir de l’art gothique » (Didron).

La Tour Marguerite

Le seul vestige de cette époque «glorieuse» est l’escalier monumental, connu sous le nom de « tour Marguerite ». Sur l’une des solives, on peut encore y lire : « Claude Brebier, mestre maçon de Ponssin, le 19 décembre 1594.

Au monde, rien n’est plus cher que le temps, il a bonne aile et vole facilement, donc employer le faut honnestement, si tu le pers ne sera possible ». Cette sage maxime est toujours d’actualité…

La destinée du château

Par la suite, le château fit l’objet de nombreuses transactions jusqu’à ce que Mr Chossat Saint Sulpice, maire de la ville de Bourg en Bresse en fasse l’acquisition en 1804.

C’est la veuve du marquis de Grollier (dont l’époux fut décapité à Lyon à la révolution française) qui lui céda un bâtiment « pillé et délabré » (par les révolutionnaires de 1789).

Le nouvel acquéreur entreprit de nombreux travaux et le bâtiment prit l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui. En 1833, il fut vendu au diocèse de Belley-Ars qui en fit une maison de retraite pour les prêtres, puis fut cédé à un promoteur immobilier privé, qui y aménagea des logements.

* Extraits de «Histoire du château» d’E. Cuaz